La Maison de la culture du Japon à Paris présente la première exposition en France dévolue au sculpteur et créateur Isamu Noguchi (1904-1988). S’appuyant sur une définition large du terme sculpture et en raison de son intérêt profond pour le design, Noguchi conçut également des luminaires, du mobilier ou des décors de scène. On lui doit aussi l’aménagement d’espaces publics qui l’amenèrent à travailler avec des architectes comme Kenzô Tange, Yoshirô Taniguchi ou encore Louis Kahn, Gordon Bunshaft.

Doté d’une double culture amé­ri­caine et japo­naise, per­cep­ti­ble dans son œuvre, Noguchi décou­vre à New York, dans les années 1920 l’avant-garde occi­den­tale. Un séjour effec­tué à Paris en 1927 dans le cadre d’une bourse Guggenheim, au cours duquel il tra­vaille dans l’ate­lier de Constantin Brancusi, aura un impact déter­mi­nant sur sa démar­che artis­ti­que. Peu de temps après son retour à New York, la cho­ré­gra­phe Martha Graham l’intro­duit dans l’uni­vers de la scène ; de ce contact va naître une col­la­bo­ra­tion fruc­tueuse dont l’apogée se situe dans les années 1940, et se concré­tise par la réa­li­sa­tion de 21 décors pour cette figure mythi­que du Modern Dance Theater.

Noguchi conçoit paral­lè­le­ment ses pre­miers meu­bles. La culture tra­di­tion­nelle en cons­ti­tue l’uni­vers de réfé­rence. Au cours d’un séjour au Japon, il est émerveillé par l’har­mo­nie et la beauté des lam­pions uti­li­sés par les pêcheurs au cor­mo­ran ; s’ins­pi­rant des tech­ni­ques tra­di­tion­nel­les de leur fabri­ca­tion, il invente des formes nou­vel­les et crée les célè­bres lampes akari, véri­ta­bles sculp­tu­res de lumière en papier et bambou qui lui per­met­tront de connaî­tre la consé­cra­tion dans l’uni­vers du design. L’artiste a ainsi conci­lié arts plas­ti­ques et arts appli­qués, et réuni par-là même, l’idée de l’art et de la fonc­tion­na­lité, alliance chère à l’esthé­ti­que japo­naise. A l’occa­sion de cette rétros­pec­tive, cer­tai­nes créa­tions de Noguchi ont été spé­cia­le­ment réé­di­tées.

La sélec­tion de quel­que 80 œuvres offre l’occa­sion d’appré­cier la variété de son art et sou­li­gne son appro­che inter­dis­ci­pli­naire et inter­cultu­relle. En alter­nant des salles clai­res et obs­cu­res, le met­teur en scène Robert Wilson a conçu une mise en scène pro­pice à la médi­ta­tion.

Cette expo­si­tion est une étape de la « Semaine des cultu­res étrangères » orga­ni­sée par le Forum des ins­ti­tuts cultu­rels étrangers à Paris.