Révélée par Ryûichi Sakamoto, Kakushin Nishihara emmène le biwa – ce luth à manche court emblématique de la tradition musicale japonaise – vers des horizons insoupçonnés. Sa présence intense transforme chacun de ses concerts en cérémonie quasi chamanique.

Durablement marquée par le punk au début de l’adolescence, c’est avant tout par désir d’originalité que Kakushin Nishihara décide d’apprendre le biwa. Son large plectre triangulaire – dont on dit que les samouraïs l’utilisaient comme arme – produit une sonorité de percussions agressives qui, contrastant avec la pose hiératique de l’interprète, tire la musique du côté d’un art martial. Formée auprès du maître Kinshi Tsuruta, et révélée au début du millénaire par Ryûichi Sakamoto, Kakushin Nishihara, qui est aussi plasticienne, s’est également illustrée au sein du trio Kintsugi (avec Serge Teyssot-Gay et Gaspar Claus), mais aussi sur les scènes de danse et de théâtre: on la retrouve d’ailleurs à l’affiche de la pièce Yoroboshi: The Weakling, présentée par la metteuse en scène Satoko Ichihara dans le cadre de cette édition du Festival d’Automne. Avec son crâne rasé, ses piercings et ses tatouages, elle impose une présence intense, quasi chamanique, lors de ce concert révélant toute l’étendue de sa palette instrumentale – de la musique traditionnelle à la noise –, mais aussi vocale. 

David Sanson pour le Festival d’Automne

PHOTO : © FLAVIO KARRER