À l’occasion de la conférence Tokaido « 53, chemin du monde flottant » du 9 mars 2017 et de l’exposition du 7 au 24 mars, la bibliothèque vous invite à en savoir plus sur cette route mythique que Philippe Delord a parcourue et fait vivre à travers son témoignage et ses dessins.

Utagawa Hiroshige I, "Sail boats" (The Cleveland Museum of Art)

Le Tôkaidô, littéralement « route de la mer de l’Est », est l’un des 5 gokaidô, les « cinq grands axes majeurs » qui, à l’époque Edo (1603-1867), partaient de la capitale du fameux nihonbashi, « pont du Japon ». Cette route relie Tôkyô à l’ancienne capitale, Kyôto, en passant par 53 étapes séparées d'une dizaine de kilomètres jusqu’à la dernière, Sanjô Ohashi à Kyôto. Le but de ces cinq routes était, dès le début du shogunat des Tokugawa au XVIIe siècle, de relier la capitale Edo aux autres villes importantes du pays. Le Tôkaidô était notamment très emprunté par les daimyô, les seigneurs de province et leur cour, astreints de venir s’installer un an sur deux à la capitale par le système gouvernemental du sankinkôtai, ou « rotation de service », de même que par les marchands et autres voyageurs en tous genres.

La route du Tôkaidô fait environ 500 kilomètres. On mettait de deux à trois semaines pour la parcourir à cheval ou à pied. Elle était, et est encore aujourd’hui, jalonnée d’auberges, de bains publics, ainsi que d’autres lieux pour l’accueil, et a inspiré de nombreux artistes d’estampes, notamment Utagawa Hiroshige qui en a tiré la très célèbre série des « 53 relais ».

La chanson traditionnelle, O Edo nihon bashi, parle du départ des voyageurs qui se levaient très tôt à l’auberge (entre 3 et 5 heures du matin) pour se mettre en route et pouvoir atteindre l’étape suivante avant la nuit tombée. Le roman de Jippensha Ikku, À pied sur le Tôkaidô, (1802, disponible à la bibliothèque) égrène des récits de voyage de façon humoristique, offrant des croquis inédits de certaines scènes sur le chemin.

De nos jours, cette route reste l’un des axes principaux de transports au Japon, reliant les villes entre Tôkyô et Ȏsaka qui forment la « mégalopole » japonaise, par les deux lignes de train, shinkansen et train local, ainsi que par l’autoroute. Néanmoins, de nombreux Japonais continuent de parcourir la route à pied ; même si le paysage a désormais moins de charme que celui d’antan, le chemin demeure une forme de pèlerinage ainsi qu’un challenge physique, en partant du nihonbashi de Tôkyô, comme autrefois.

Visuel de la vignette : ©Philippe Delord