Voyage sur les traces de Japonaises et de Japonais qui ont traversé les mers à partir de la fin du 19e siècle, sous les vents peu favorables d’une immigration subie pour la plupart, mais dont les nombreux descendants forment de multiples communautés culturellement riches à travers le monde et qu'un vocable japonais englobe au-delà des histoires et des générations différentes : à la rencontre des Nikkeijin, personnes d'origine japonaise...

De la main d'œuvre japonaise a été massivement recrutée, principalement entre la fin du 19e s. et le début du 20e siècle, dans trois continents, les deux Amériques et l'Océanie, pour des travaux agricoles ou encore, comme en Nouvelle-Calédonie, pour travailler dans des mines à ciel ouvert.

L'Amérique du Nord

Aux États-Unis, c'est sur la côte Pacifique que l'immigration a été la plus importante. La romancière américaine Julie Otsuka s’est attachée dans ses deux livres à donner voix aux Nikkeijin, lors de deux épisodes particulièrement douloureux de leur histoire sur le sol des États-Unis : l'arrivée de futures épousées japonaises dont le mariage s'est décidé sur un échange de photos et l'internement des citoyens américains d'origine japonaise durant la Seconde Guerre mondiale.

Au Canada, les générations — Issei, Nisei, Sansei , Yonsei… — se succèdent, avec des expériences collectives également différentes, principalement aussi sur la façade Pacifique, en Colombie-Britannique. Au cours de la Seconde Guerre mondiale, à l'image des États-Unis, la population d'origine japonaise a été internée dans des camps. Une autre vague de Japonais, appelés les Shin Issei, ont immigré au Canada à partir des années 1960.

L'Amérique du Sud

En Amérique du Sud, les Nikkeijin forment également des communautés très importantes, notamment au Pérou ou, plus encore, au Brésil. La bibliothèque nationale de la Diète japonaise a commémoré en 2008 le centième anniversaire des premières arrivées japonaises au Brésil avec un dossier en ligne trilingue, japonais, anglais et, comme il se devait, portugais. Liberdade, à São Paulo, est le plus grand "quartier japonais" au monde, hors du Japon.

L'Océanie

En Nouvelle-Calédonie, de 1892 à 1919, environ 5 500 travailleurs japonais ont été recrutés par des compagnies minières. Au lendemain de l'attaque de Pearl Harbor, les Nikkeijin sont, là encore, arrêtés, puis transférés dans des camps australiens... Leur histoire est richement documentée. Le musée maritime de Nouvelle-Calédonie, qui nous offre ces deux visuels, a créé un parcours en japonais dans ses collections afin montrer les liens entre le Japon et la Nouvelle-Calédonie. Il semble, par ailleurs, que l'on assiste chez les jeunes générations calédonniennes à un regain d'intérêt pour ces ancêtres japonais.

Hawaï, territoire américain, compte également un grand nombre de personnes d’origine japonaise, en grande partie de l’archipel de Okinawa. La première génération est arrivée pour travailler dans les plantations de canne à sucre. Les chants qui accompagnaient ce dur labeur et la culture particulière née au sein de ces communautés font désormais partie du patrimoine de Hawaï.

Pour aller plus loin, quelques exemples d'ouvrages que vous pouvez trouver à la bibliothèque sur ce sujet :

PALOMBO, Philippe. La présence japonaise en Nouvelle-Calédonie (1890-1960) : Les relations économiques entre le Japon et la Nouvelle-Calédonie à travers l'immigration et l'industrie minière. Editions universitaires européennes, 2012.

KOBAYASHI, Tadao. Les Japonais en Nouvelle-Calédonie. Société d’études historiques de la Nouvelle Calédonie, 1992.

ADACHI, Nobuko. Japanese diasporas: Unsung pasts, conflicting presents and uncertain futures. Routledge, 2006.

NAKASONE, Ronald Y. Okinawan diaspora. University of Hawai’i Press, 2002.

TAMURA Eileen, Americanization, acculturation, and ethnic identity : the Nisei generation in Hawaii. University of Illinois Press, 1994.

SAIKI, Patsy Sumie. Early Japanese immigrants in Hawaii. University of Hawai’i Press, 1993.

ICHIOKA, Yuji. The Issei : the world of the first generation Japanese immigrants, 1885-1924. Collier Macmillan Publishers, 1990.

 

Visuels :

Phare Amédée, Nouvelle-Calédonie © Claude Babin / Swimmy Project

Convoi de travailleurs arrivant en Nouvelle-Calédonie © Coll. Philippe Rothery