Le samedi 14 juin à 18h
Création
Mise en scène > Jacques Kraemer
Avec > Sophie Neveu
Et la voix de > Christiane Cohendy
Kassandra retrace son histoire, celle d’une princesse troyenne devenue prophétesse, ayant annoncé, sans être crue, la série des catastrophes engendrées par la Guerre de Troie, puis embarquée comme esclave par Agamemnon et assassinée par la Reine Clytemnestre. Au seuil de la mort, elle « voit » la catastrophe nucléaire vers laquelle la folie de la possession et du pouvoir conduit l’espèce humaine.
Pourquoi Kassandra ? Pourquoi Fukushima ? Pourquoi Kassandra Fukushima ?
J’aspire à produire un théâtre où fusionneraient les données anciennes et les vécus contemporains, et qui s’interroge sur l’avenir que se prépare l’espèce humaine, des lendemains qui chantent et /ou déchantent. Je me suis intéressé passionnément à des faits d’histoire et de société très divers : l’industrie ferrifère et sidérurgique, l’évolution du capitalisme, les concentrations, liquidations, l’immigration, le conditionnement des opinions publiques par les médias, la 2e Guerre Mondiale, la destruction des Juifs d’Europe, l’antisémitisme, les violences faites aux femmes, les Evénements de Mai-Juin 1968, le réchauffement climatique etc… Et, en même temps, je continuais à lire et travailler les classiques français (Racine, Molière surtout), et les tragédies grecques… De cette fusion sont nées mes créations de ces dernières saisons : « Phèdre/Jouvet/Delbo.39/45 » , « Agnès 68 », et très récemment : « Prométhée 2071 »et « 1669 Tartuffe, Louis XIV et Raphaël Lévy ».
Cette « Kassandra Fukushima » s’inscrit évidemment dans la continuité de « Prométhée 2071 ».
J’ai eu la chance de travailler ces derniers mois dans des ateliers amateurs sur l’ « Agamemnon » d’Eschyle. Y apparaît de façon marquante le personnage tragique et fascinant de Cassandre (Kassandra, en grec). Par ailleurs, ces dernières semaines, j’ai, comme tout le monde, suivi avec une espèce d’angoisse, la catastrophe de Fukushima, ses suites, ses prolongements en cours. Soudain, l’idée s’est imposée à moi de condenser en un raccourci fulgurant l’histoire de Cassandre et celle, actuelle, de Fukushima. Il s’agit dans ce projet de faire une sorte de fusion-déflagration entre le théâtre le plus ancien et les préoccupations de nos contemporains.
Kassandra retrace son histoire, celle d’une princesse troyenne devenue prophétesse, ayant annoncé, sans être crue, la série des catastrophes engendrées par la Guerre de Troie, puis embarquée comme esclave par Agamemnon et assassinée par la Reine Clytemnestre. Au seuil de la mort, elle « voit » la catastrophe nucléaire vers laquelle la folie de la possession et du pouvoir conduit l’espèce humaine. Elle « voit » depuis l’Antiquité grecque et les murs de Mycènes, cinquante kamikazes de l’Apocalypse, qui en plein vingt et unième siècle, ayant détourné des avions de ligne, vont les faire se crasher sur cinquante centrales nucléaires européennes, en même temps qu’ils déclencheront leur bombe atomique miniaturisée. Le spectacle ambitionne d’être lyrique, philosophique, tragique, lié au personnage de Kassandra (issu de la tragédie grecque), et à l’évocation de la dernière en date (il y en aura d’autres, forcément !) des catastrophes atomiques ; après Hiroshima et Nagasaki, après Tchernobyl, voici Fukushima… Ceci concerne fortement notre pays où la densité des réacteurs est la plus forte du monde, et où le Président actuel réaffirme sa détermination de maintenir le cap nucléaire…
S’adossant au plus antique et mythologique, ce théâtre veut évoquer un des sujets les plus « brûlants » de notre temps. Il se veut mise en garde contre la folie capitaliste, appel, en creux, à l’amour et à la raison ; un théâtre politique au sens élevé du terme, dans l’esprit fondateur des Tragiques grecs.
Jacques Kraemer , Avril 2011
Jacques Kraemer
Formé rue Blanche et au Conservatoire National à Paris, Jacques Kraemer, comédien, metteur en scène et auteur, fonde en 1963 le Théâtre Populaire de Lorraine.
En 1982, il quitte le T.P.L. et fonde sa compagnie. Jusqu’à sa nomination en 1993, à la direction du Théâtre de Chartres, il met en scène et crée chaque année une nouvelle pièce alternant des œuvres dont il est l’auteur et des œuvres classiques ou contemporaines : La Fille infortunée de Diderot (Jacques Kraemer), Le Rêve de d’Alembert (Diderot), Cage, Face de Carême (Jacques Kraemer), La Force de l’Habitude (Thomas Bernhard), Thomas B (Jacques Kraemer), Un Homme qui savait (Emmanuel Bove), Le Roi Lear (Shakespeare), Il marche et Annabelle et Zina (Christian Rullier), Le Jeu de l’Amour et du Hasard ( Marivaux), L’Eveil des Ténèbres (Joseph Danan).
A partir de 1993, les créations de la Compagnie coproduites par le Théâtre de Chartres se poursuivent, à Chartres, à Paris ou au Festival d’Avignon, en tournées : Bettine (Musset), Bérénice (Racine), Thomas B.(Jacques Kraemer), La plus forte (Strindberg), Mademoiselle Julie (Strindberg), Pièces de la mer ( O’Neill), Dom Juan (Molière), Le Golem (Jacques Kraemer), Une fête pour Boris (Bernhard), Anne-Marie (Minyana), Le Jeu de l’Amour et du Hasard (Marivaux), Le Home Yid (Jacques Kraemer).
En 2005, il quitte la direction du Théâtre, mais la Compagnie reste implantée à Chartres où il ouvre le Studio des Epars et y poursuit son travail de création avec le diptyque Michel Vinaver : Dissident, il va sans dire et Nina, c’est autre chose, Agatha de Marguerite Duras, Phèdre /Jouvet/ Delbo. 39/45, Agnès 68 de Jacques Kraemer, Il aurait suffi de Pauline Sales et Samira Bellil et Boris Vian (L’Arrache-Coeur, L’Herbe Rouge, L’Ecume des jours). Ses dernières créations : 1669, Tartuffe, Louis XIV et Raphaël Lévy avec 11 acteurs, Prométhée 2071 qu’il joue aux côtés de Roxane Kasperski, Clément Peltier et Pauline Ribat, Kassandra Fukushima interprété par Sophie Neveu, deux pièces inspirées d’Eschyle.
Toutes ces créations ont été présentées à Chartres, au Festival d’Avignon, en tournée et pour la plupart, à Paris.
Parallèlement, Jacques Kraemer a dirigé de nombreux ateliers de formation théâtrale dans de nombreux théâtres, lycées et collèges. Il a enseigné à l’ENSATT, rue Blanche, à l’Université de Strasbourg, à l’Institut d’études théâtrales de Paris III.
Sophie Neveu
Diplômée du Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique de Paris, Sophie Neveu s’est fait remarquer dans Phèdre/Jouvet/Delbo.39/45. Elle y jouait l’élève de Louis Jouvet, et les spectateurs qui l’ont vue gardent certainement en mémoire son interprétation extraordinaire de la mort de Phèdre.
« Depuis cette création en 2005, j’ai eu l’occasion de voir jouer Sophie, non seulement à Chartres avec le metteur en scène Emmanuel Ray, mais aussi à Paris, au Théâtre de la tempête, dans une pièce de Juan Mayorga, aux côtés de Philippe Canalès, fortement mise en scène par Jorge Lavelli.
C’est au Centre Dramatique National de Montreuil que je l’ai vu jouer Gorki et Pirandello sous la direction de Gilberte Tsaï.
Enfin je suis allé à Colmar découvrir une pièce de David Greig mise en scène par Mathew Jocelyn où Sophie une fois encore montrait l’étendue de son talent et de ses qualités d’actrice.
C’est en pensant à elle que j’ai écrit Kassandra Fukushima , convaincu qu’elle serait idéale dans le rôle de la Prophétesse inspirée. » (J.K.)